Donc le maire de Melun, Louis Vogel signe une tribune de soutien à la liste LREM aux élections européennes. Rien d’étonnant me direz-vous puisque depuis sa tentative avortée d’être investi « marcheur » aux dernières législatives, Louis Vogel membre fondateur d’Agir-la droite constructive, soutient sans faille l’action du gouvernement et du président Macron.
Rien d’étonnant certes mais un bel exemple de langue de bois et je mets quiconque au défi de pouvoir expliquer ce que ce texte propose concrètement pour sortir de l’impasse où nous nous trouvons. Tant de mots pour ne rien dire, sinon soutenir des contre-vérités.
Les difficultés des gens sont ramenées à « un sentiment de déclassement ». Rien de réel donc mais une impression qu’ils prétendent pouvoir corriger à condition bien sûr que LREM gagne les Européennes. Aussi, exhortent-ils les électeurs à ne pas « renverser la table ». Si on comprend qu’ils n’aient pas envie de se retrouver « cul par dessus tête », ce texte vide et incantatoire n’est certainement pas de nature à nous convaincre.
Leur première proposition est d’ « appeler à plus d’Europe, Une Europe qui protège, une Europe qui nous fait grandir, une Europe de libertés ». Comme si l’Europe était en soi le gage d’une société qui garantisse à ses membres protection et liberté ? L’Europe que nous vivons est plutôt celle de la dérégulation, de la perte de droits, de la mise en concurrence des travailleurs, de la privatisation des services publics, etc.
Quant à la liberté, l’Europe permet tout à fait au gouvernement Hongrois d’empêcher le pluralisme démocratique ou à Matteo Salvini, ministre de l’intérieur italien, de nier les droits humains les plus élémentaires.
L’Europe n’empêche pas non plus le gouvernement français de réprimer férocement le mouvement des gilets jaunes, les travailleurs·es en lutte, les lycéen·ne·s, les enseignant·e·s, les journalistes, etc. L’ONU, le Conseil de l’Europe, le défenseur des droits en France et toutes les associations de défenses des droits humains dénoncent maintenant l’usage excessif de la force par le gouvernement LREM contre les manifestant·e·s et les violences policières restent, pour l’instant, impunies.

Cela n’empêche pas nos 9 auteurs, dont on se demande un peu si on participe du même monde, de nous enjoindre de voter pour LREM aux élections européennes au nom des libertés. On croit rêver !!
Et les voilà qui insistent : « L’Europe, c’est un espace de liberté conquis par nos parents et offert à nos enfants » comme s’il suffisait de le décréter pour que cela soit comme si tous les citoyens européens jouissaient du même degré de liberté, comme si le projet européen d’abord communauté du charbon et de l’acier n’était pas étroitement corseté par des traités qui subordonnent la liberté des populations à celle du capital. La liberté des grecs s’est arrêtée là où les politiques d’ajustement structurel de la troïka ont commencé. Celle des paysans polonais, au moment de leur intégration à la PAC (Politique Agricole Commune). De cela il n’est pas question dans cette tribune.
La PAC est un bon exemple sur lequel nous arrêter car nos auteurs prétendent que l’Europe serait au service de la santé et de l’environnement de ses citoyens. Or la politique agricole commune a organisé le développement d’une agriculture industrielle grosse consommatrice d’intrants chimiques. En 2016, le médiateur européen recadrait « sèchement la Commission de Bruxelles, pour son laxisme en matière d’autorisation de mise sur le marché des produits phytosanitaires. » En 2015, « le tribunal de la Cour de justice de l’Union européenne condamnait l’exécutif européen pour son inaction dans le dossier des perturbateurs endocriniens (PE) ». En matière de protection des populations, on peut vraiment mieux faire.

Dangereuse pour notre santé et notre environnement biologique mais aussi pour notre environnement politique puisque les surplus agricoles européens sont écoulés dans des pays faibles (souvent en Afrique) dont l’Europe à travers des accords iniques de libre échange finit de ruiner la paysannerie. Chose qu’elle a déjà faite ici puisque 4% des actifs en France suffisent à produire une grande partie de l’alimentation de la population. La PAC ce sont des millions d’emplois détruits ici en Europe et ailleurs.
Bref, nos auteurs égrènent le mythe d’une Europe au service de la protection et de la liberté de ses populations qui n’existe pas et dont ils prétendent que La République en Marche serait la meilleure garantie quand en France, elle orchestre une politique extrêmement régressive socialement et écologiquement, et, particulièrement préoccupante, sur le plan des libertés publiques.
Pour lire la tribune c’est ici
Une réflexion sur “Donc le maire de Melun, LouisVogel signe une tribune de soutien à la liste LREM aux élections européennes « Pour l’Europe façon Macron ». Sans façon, merci !!”