À l’heure où le gouvernement orchestre la mise à sac en règle de l’école publique à tous les niveaux de la maternelle au supérieur (réforme dite « de l’école de la confiance », parcours-sup, réforme du bac, baisse dramatique du nombre de postes aux concours de recrutement dans l’enseignement secondaire et universitaire public, droits d’inscription x5 pour les étudiants étrangers, etc.), ces jolis diagrammes n’ont qu’un seul objectif : masquer l’entreprise macroniste de privatisation du service public d’éducation.
Bien sûr, de l’argent en plus quand l’éducation nationale en manque cruellement est toujours bon à prendre. Mais comment nous féliciter de politiques qui ne seront jamais rien d’autre qu’un pansement sur une jambe de bois ? À Grigny où le dispositif a été expérimenté le maire déclare : « les postes vacants de médecins et psychologues scolaires ont été pourvus ». Mais pourquoi ces postes étaient-ils vacants sinon du fait du sous investissement chronique de l’Etat dans l’éducation publique ?
@LouisVogel se félicite d’un dispositif exceptionnel par définition éphémère et qui ne concerne que certains territoires quand nous voulons une école publique qui fonctionne partout, c’est-à-dire qui soit partout dotée des moyens indispensables à son fonctionnement.
Nous nous inquiétons aussi de la place prépondérante des entreprises (en haut à droite dans le bon sens de la lecture) qui deviennent des membres à part entière du projet gouvernemental. Cet argent supplémentaire promis à Melun parce que notre ville cumule de nombreux désavantages sociaux servira-t-il encore à rétribuer leurs services ?
Quand on conçoit l’éducation pour satisfaire les demandes des entreprises, on renonce à en faire d’abord un instrument d’émancipation des individu·e·s et on perd toujours en créativité et donc potentiellement en production de connaissances et développement d’activités nouvelles. Les entreprises doivent prendre en charge la formation de leurs employé·e·s aux savoirs conjoncturels (ou micro-savoirs) qui leur sont utiles. Ce n’est pas à l’école d’assumer cette formation ponctuelle et éphémère. L’école doit former les gens à être rapides, polyvalents. Elle doit développer leur capacité d’apprentissage et leur créativité et, par conséquent, leur culture et méthode. L’école n’est pas au service de l’entreprise mais de la collectivité dans son ensemble. Rappelons aussi que les entreprises dont il s’agit ici ne fournissent qu’une part minoritaire des biens et services utiles à notre société. La fonction publique, les associations, les coopératives, etc. fournissent, elles, le plus grand nombre.
L’école que nous promettent toutes celles et ceux qui marchent en cadence est une école où les enfants issu·e·s des classes modestes n’auront d’autre choix que de fréquenter des écoles publiques dévaluées et d’accepter des formations professionnalisantes qui ne leur garantiront jamais autre chose que des emplois subalternes, le plus souvent précaires.
Celles et ceux qui désirent encore que l’école puisse être un instrument de mobilité sociale pour leurs enfants devront payer (à condition qu’ils en aient les moyens) pour accéder à des écoles où on dispensera encore les savoirs généraux indispensables à la réussite. Là encore tou·te·s ne seront pas égaux.
Nous en profitons pour signaler le @lecollectifdesparentsetenseignantsdemelun récemment formé et qui se bat contre la casse en cours.
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