De la promotion de l’industrie militaire à l’illusion d’une aviation civile fleurissante, encore deux exemples de la politique anti-écologique de Louis Vogel, maire de Melun.
En marge du meeting aérien de Paris-Villaroche, le maire de Melun a permis à l’Armée de l’air d’installer un avion de chasse Jaguar sur la place Saint-Jean. Un mobile home faisait face à l’avion avec des guichets dressés à l’attention des personnes intéressées.
En passant, je me demandais qui pouvait être intéressé pour « Ensemble, vaincre et protéger par les airs » comme le proclamait la banderole attachée aux barrières qui délimitaient la circulation des passants. Je me suis alors souvenue de scènes équivalentes que j’ai souvent vues aux Etats-Unis, à Chicago, où à chaque occasion d’une manifestation populaire dans la ville, l’Armée installait des stands de promotion et de recrutement. Les seules personnes que j’y ai jamais vues entrer étaient toutes jeunes, majoritairement des hommes, visiblement issues des classes populaires et majoritairement des minorités en particulier africaine-américaine. Bref, celles et ceux qui venaient là étaient en majorité des « black and brown people », tous majoritairement pauvres, et des « poor white people ».
Il n’est pas surprenant que celleux qui sont prêts à prendre le risque de se retrouver sur la ligne de front d’une des sept opérations militaires extérieures (euphémisme qui sert à désigner de véritables opérations de guerre) où la France est actuellement engagée* et, éventuellement, d’y perdre la vie appartiennent en majorité aux classes sociales les moins favorisées et les plus discriminées.

Ce n’est pas l’idée que je me fais de la politique qu’un maire devrait développer en direction de la jeunesse de sa ville. De la même manière qu’un projet écologique ne vante pas la guerre et prétend encore moins qu’elle serait un lieu d’exaltation de valeurs positives. La guerre est toujours meurtrière et est d’abord le théâtre d’exactions, de tortures, de viols, de conduites immondes* qui n’ont rien à voir avec le courage, l’altruisme, la défense de la liberté ou je ne sais quel autre affect ou valeur positive.
Mais il y a plus. Tout le monde connait à Melun l’enthousiasme particulier du maire pour Safran. En effet, Louis Vogel garantit à cette entreprise, créée en 2005 par la fusion de Sagem et Snecma, des conditions de développement sur notre territoire particulièrement intéressantes. Safran vend « une gamme complète de solutions aux constructeurs aéronautiques civils et militaires », « dans les domaines de la propulsion et des équipements aéronautiques, de l’espace et de la défense ». Ses résultats sont en progression et l’acquisition de Zodiac Aerospace récemment s’est révélé être une bonne affaire. Pourtant, quand on regarde attentivement ces résultats, on remarque que les services développés pour les activités militaires constituent une part importante de leur croissance.
Dès lors, il apparait que la promotion de l’Armée et de la guerre, sur la place Saint-Jean et les panneaux d’affichage de la ville est aussi indirectement un moyen d’aider les affaires de Safran.
Enfin, nous savons que le développement de l’aviation civile est soumis à de fortes tensions toutes liées aux contraintes écologiques :
– Les perspectives d’extraction du pétrole sont rendues aléatoires du fait de la diminution des nappes accessibles par des forages dits « conventionnels », les difficultés et le coût que représente le fait d’avoir à puiser dans les schistes.
– Les scientifiques nous disent que pour limiter le réchauffement climatique dans des limites qui permettent la pérennité de l’espèce humaine il faut laisser les réserves disponibles de pétrole dans le sol.
– Un fort mouvement citoyen se développe contre l’aviation civile, en particulier quand on peut remplacer l’avion par le train. Ce mouvement invite les gens à ne plus se déplacer en avion, réclament des politiques publiques favorables au rail (garantir aux usagers des prix accessibles) et demande que les compagnies aériennes ne soient plus exonérées de taxes sur leur carburant.*
Dans ces conditions, défendre un programme de développement économique pour Melun qui gravite essentiellement autour de la promotion de l’aviation relève d’une illusion. Pire encore, il témoigne d’une indifférence aux enjeux écologiques majeurs auxquels un projet politique responsable doit savoir faire face.
L’écologie ne se conçoit pas sans la paix. Tout projet écologique est un projet fondamentalement pacifiste.
Et, tout projet écologique vise à l’avènement d’une société sans pétrole. Ce qui signifie, pour nous ici, engager Melun dans la transition écologique. Ce que nous ferons si nous gagnons les élections.
Encore des preuves, s’il en fallait, de la distance qui sépare le projet politique de Louis Vogel de l’écologie.
*https://www.defense.gouv.fr/operations/rubriques_complementaires/carte-des-operations-et-missions-militaires
*https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/200815/comment-les-viols-de-guerre-sont-devenus-des-armes-de-terreur
*https://www.forbes.fr/environnement/le-mouvement-anti-avion-peut-il-provoquer-un-trou-dair-dans-la-croissance%E2%80%89/?cn-reloaded=1