Samedi 20 avril, nous avions proposé aux habitant·e·s de Chateaubriand à Melun, mobilisés contre la destruction de leurs logements, de les rencontrer. Les derniers scénarios proposés par le NPRU (nouveau programme de rénovation urbaine) envisagent la destruction des 319 logements de la résidence Chateaubriand et de la tour Lamartine. Or, une majorité d’habitant·e·s est opposée à ce projet qu’elles et ils jugent (à notre avis avec raison) contraire à leur intérêt.
À Chateaubriand, sur 161 « logements » qui se sont exprimés, 36 sont pour la destruction et 125 contre. Autrement dit, plus de 77% des habitant·e·s qui se sont exprimés sont contre la destruction de Chateaubriand. 33,7% se sont abstenus.
Ce qui n’a pas empêché le maire de Melun, qui tire sa propre légitimité d’une élection où il n’a remporté que 52% des suffrages exprimés alors que 49,2 % du corps électoral s’abstenait, de répondre à Bénédicte Monville qui l’interpellait sur la question : oui mais il y a des habitants qui sont pour et d’autres qui n’ont rien dit (!)
Si on ramène le pourcentage de celles et ceux qui sont opposés à la destruction à l’ensemble des habitant·e·s, on obtient encore une majorité contre, exactement 51,4%. Alors que 14,8% sont pour et 33,7% n’ont pas pris part au vote.
Si on fait le même exercice pour le maire de Melun et qu’on ramène les voix que sa liste a obtenu à l’ensemble du corps électoral. Seuls, 24,8% des électrices et des électeurs ont voté pour sa liste, tandis que 22,9% votaient contre et que 49,2% s’abstenaient.
Autrement dit, avec seulement 24,8% des électrices et des électeurs qui ont voté pour sa liste, le maire de Melun pense qu’il a toute légitimité pour gouverner la ville mais nie celle d’une majorité d’habitant·e·s de Chateaubriand 51,4% qui se prononcent contre la destruction de leur logement.
Nous nous pensons que le maire doit entendre l’avis des habitant·e·s de Chateaubriand qui sont les premiers concernés par ce projet de destruction de leur logement. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : détruire leur maison. Des appartements où certain·e·s vivent depuis que la résidence Chateaubriand a été construite, il y a plus de 50 ans.
Par conséquent, avec Éric, membres de notre collectif et qui habite là, nous avons organisé cette rencontre afin d’envisager collectivement les actions que nous pourrions mener.
Les habitantes nous ont dit leur attachement au quartier où ils vivent parfois depuis 50 ans. Le plaisir qu’ils avaient eu à y voir grandir leurs enfants qui, encore aujourd’hui, quand ils viennent leur rendre visite se remémorent les bons souvenirs. Les femmes ont insisté sur les commodités qui ne sont jamais très loin : écoles, transports et maintenant l’hôpital. Ceux qui sont aujourd’hui en retraite nous ont dit la chaleur d’être encore ensemble, de pouvoir s’arrêter discuter dans ce lieu si familier. Pourquoi vouloir détruire leur quartier contre la volonté d’une majorité d’entre eux et après avoir rénové les habitations ! Ils nous ont dit le sentiment d’être floués, “on a payé pour des rénovations et maintenant ils veulent tout raser” et plus que ça : on a payé un loyer pendant des décennies, une somme d’argent qui dépasse de beaucoup la valeur de nos appartements et maintenant on voudrait nous chasser, détruire, reconstruire et nous remplacer. Comme si Melun était quitte, comme si la ville ne leur devait rien alors qu’ils contribuent à faire vivre Melun depuis des dizaines d’années : « Je suis arrivée ma fille avait six mois, m’a confié une dame, aujourd’hui elle a 50 ans. » Melun n’a pas été pour eux un dortoir où on s’installe faute de mieux le temps du travail. Melun est leur ville. Certains arrivaient de loin, d’autres sont nés ici. Ils veulent rester à Melun et nous voulons qu’ils restent. Melun est notre ville à tous.
D’autres actions vont suivre. En attendant celles et ceux qui souhaitent apporter leur soutien au combat des habitante·s de Chateaubriand peuvent les joindre par notre intermédiaire : bienvivreamelun@gmail.com
Vous trouverez la pétition en PDF ici : COORDINATION DES LOCATAIRES DE CHATEAUBRIAND
Dans la presse :