L’#ANRU à #Melun, un programme de rénovation urbaine qui sert quels intérêts ? #Logement #MalLogement #QuartiersPopulaires

Avant hier, la Fondation Abbée Pierre rendait son 23ème rapport annuel sur l’état du #MalLogement en France. On pouvait y lire que 4 millions de personnes restent mal logées ou privées de domicile, tandis que 12 millions voient leur situation fragilisée par la crise du logement.*
Aujourd’hui, la confédération nationale du logement nous alerte dans un communiqué de presse sur la baisse du nombre d’agréments de logement HLM (-7400) alors que la demande en logements sociaux ne cesse de croître. Et, comme on pouvait s’en douter, ce sont les logements sociaux réservées aux catégories les plus modestes et modestes (PLAI et PLUS) qui diminuent le plus. une baisse particulièrement marquée en Île de France où Valérie Pécresse en a rajouté en limitant le soutien régional pour les villes ayant atteint les 20% obligatoires de logements sociaux et qui souhaiteraient en construire davantage.*
Du coup, j’ai décidé de vous raconter cette histoire qui illustre de manière dramatique l’absurdité des politiques mises en oeuvre par la droite, en l’occurrence melunaise, et malheureusement soutenu par la « gôche » du PSCF.
Au dernier conseil municipal de #Melun (dont j’ai déjà fait en partie le compte rendu ici), nous (le groupe Bien Vivre à Melun) nous sommes abstenus à propos de deux délibérations qui concernaient toutes les deux la vente d’un terrain au Mézereaud à un nouveau promoteur immobilier privé pour y construire 110 logements en accession privée à la propriété et des commerces en rez-de-chaussée.
Ce terrain de 5361 m2 environ était préalablement occupé par une station service et des espaces verts, pour 4741 m2 appartenant à la Ville, et par un immeuble de logements HLM, pour 620 m2 appartenant à la société Trois Moulins Habitat (TMH).
Dans le cadre de l’ANRU – dont on se demande souvent pour le bonheur de qui ce programme a été conçu – un premier accord avorté avait été passé avec la société Bouygues Immobilier. Finalement Bouygues Immobilier s’étant retiré de la vente, l’indemnité de 615 000 € due à TMH pour la destruction de son bien lui sera versée pour 450 000 € par la mairie de Melun et pour 165 000 € par le nouveau promoteur acquéreur, la société Promo Gerim. L’achat du terrain coûtera à Promo Gerim la somme de 800 000 € HT moins 173 500 € pour la dépollution du terrain de l’ancienne station service (assuré par une société liée à Promo Gerim) soit 626 500 € HT net vendeur pour la totalité du terrain, répartis comme suit : 489 000 € pour la Ville de Melun et 137 500 € pour TMH (montants exprimés en HT net vendeur).
Si vous avez tout bien suivi, vous arrivez à la même conclusion que nous :
– TMH accepte de détruire un immeuble de logement HLM et de vendre le terrain rue Lavoisier aux Mézereaux. TMH reçoit 450 000 € de la mairie + 165 000 € du promoteur en dédommagement de la destruction de son bien + 137 500 € pour la vente de son terrain soit 752 500 €.
– La ville de Melun paie 450 000 € de dédommagement à TMH (puisque la première affaire faite avec Bouygues a capoté) et reçoit 489 000 € pour l’achat du terrain soit un solde de + 39 000 € pour la vente d’un terrain de 5361 m2 aux Mézereaux.
– Promo Gerim verse 165 000 € d’indemnité à TMH et 800 000 € pour l’achat du terrain (et sa dépollution) soit 965 000 €
Résultat :
– beaucoup d’argent échangé
– la ville de Melun vend un terrain de 5361 m2 pour 39 000 €, soit 7,275 € du m2 (une bonne affaire pour la promoteur!)
– les logements sociaux de l’immeuble TMH sont détruits et remplacés par 120 logements en accession à la propriété qui gonfleront les bénéfices d’un promoteur immobilier privé sans compter les surfaces commerciales
– on remarque au passage la disparition d’un espace vert
– on remarque aussi que notre dépendance aux hydrocarbures ne pollue pas que notre air mais aussi nos sols
Pourquoi, nous sommes-nous abstenus et n’avons-nous pas voté contre ? Parce que la première affaire avec Bouygues ayant fait long feu il fallait que la ville trouve repreneur sinon elle risquait d’avoir à indemniser TMH sans avoir vendu son terrain.
Mais nous avons dit ce que nous en pensions parce que non seulement ce tour de passe passe fait le bonheur des promoteurs immobiliers et le malheur des mal-logé.e.s mais il entame le tissu social du quartier. Si ces politiques diminuent le nombre de logements sociaux elles attaquent aussi et de manière intentionnelle, ne nous y trompons pas, la cohésion des quartiers populaires. Certes, celle-ci a déjà été bien mal-menée ces dernières décennies par la désindustrialisation de notre pays et la montée du chômage mais les quartiers populaires témoignent encore de réseaux de solidarité vivaces qui se matérialisent dans la présence de très nombreuses associations et d’une capacité d’entraide à faire pâlir les autres quartiers. Mais ils sont aussi à l’heure où les grandes organisations industrielles du travail ont disparu, celles qui concentraient des milliers de travailleuses et de travailleurs en capacité de saboter l’outil de travail du patron, à l’heure du contrôle quasi absolu sur les employé.e.s de service, contraints d’accepter les conditions qui leur sont faites sous la menace du chômage, ces quartiers sont aussi des lieux de résistance, dans le plein sens du mot qu’il faut mater.
C’est ce que les habitant.e.s de Schuman, qui résistent contre les intentions de la mairie, ont bien compris.
Petit rappel : 65% de la population est éligible au logement social (PLUS), soit 18 millions de ménages alors qu’on ne compte que 4,5 millions de logements sociaux en France.
*http://www.fondation-abbe-pierre.fr/nos-actions/comprendre-et-interpeller/23e-rapport-sur-letat-du-mal-logement-en-france
*http://www.union-habitat.org/espace-presse/communiqués-de-presse/le-nombre-d’agréments-de-logements-sociaux-est-en-nette-baisse

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