#CIN Une vision technocratique et libérale de l’aménagement du territoire #CAMVS @villeMelun

Un Contrat d’Intérêt National qui pêche par UNE VISION TECHNOCRATIQUE ET LIBÉRALE de l’aménagement du territoire.

Hier, la Communauté d’Agglomération Melun-Val de Seine (Agglo Mvs#CAMVS) a adopté son Contrat d’Intérêt National (#CIN), un dispositif récent qui permet la signature d’un pacte entre l’Etat, la Région, le Département et la Communauté d’Agglomération en vue de financer de manière concertée les politiques de développement que la Communauté d’agglomération a définies pour elle-même.

Ce Contrat d’Interêt National (CIN) pêche par une vision technocratique et libérale de l’aménagement du territoire. On nous y parle de compétitivité des territoires, croissance, construction métropolitaine quand il y a urgence à penser et à parler en terme de résilience, emploi pour tou.te.s, souveraineté alimentaire, nourriture saine, air respirable, qualité de vie. Dans ses diagnostiques ce Contrat d’Intérêt National (CIN) souligne que la majeur partie des activités de notre territoire sont des activités de service et qu’elle ne profitent que partiellement aux actifs de notre territoire qui affiche un fort taux de chômage et un faible revenu moyen par habitant. On s’étonne alors de voir qu’une part importante de l’argent, 40 millions sur les 55,5 millions consacrés au développement économique, est concentrée sur le pôle aéronautique de Villaroche. Le choix d’un soutien au développement de filières industrielles sur notre territoire n’est pas en soi négatif, sinon qu’une part des activités de la Snecma-Safran est située dans l’aéronautique militaire. Autrement dit, la croissance d’une partie des activités de ce groupe est liée à la dramatique croissance des guerres dans notre monde. Mais si nous partageons l’idée d’un soutien local au développement de l’industrie nous déplorons que ce soutien appuyé à l’aéronautique se fasse au détriment de l’agriculture et de la promotion d’une autre filière d’activités industrielles, les énergies renouvelables. En effet, agriculture et politique énergétique se partagent deux maigres millions d’euros alors même que leur potentiel en terme de création d’emplois est énorme sur notre territoire. Ce n’est absolument pas à la hauteur des enjeux : résorption du chômage de masse, lutte contre la pollution de notre nourriture et de notre air, et contre le dérèglement climatique et ses conséquences dramatiques. De plus, quand on lit que potentiellement le développement du pôle aéronautique de Villaroche pourrait entrainer l’artificialisation de 700 hectare de terres agricoles, il y a de quoi être très inquiet.

De la même manière, les priorités en termes de « maîtrise des déplacements » affichent des objectifs que les crédits octroyés contredisent. Hors TZen, dont nous avons plusieurs fois dit que nous considérions qu’il était un équipement bien trop cher pour le service rendu (nous réaffirmons ici que nous sommes évidemment favorables au déploiement de bus en sites propres). Le CIN consacre 20 Millions d’euros à la réalisation d’un pont amont sur la Seine et moitié moins en faveur d’actions qui favoriseront le report modal vers les transports en commun et les mobilités actives. Or, notre territoire qui se situe au carrefour des grands axes d’échanges souffre déjà d’une présence asphyxiante des modes de transport routier. Rappelons que, lors des pics de pollution des mois de novembre et décembre 2016 et janvier 2017, la borne d’enregistrement de la pollution de l’air située avenue Thiers à Melun a enregistré les taux de pollution aux particules fines les plus forts de toute l’Île de France. Le pont supplémentaire provoquera le report d’une partie du traffic routier et, dans un premier temps, du fait de sa répartition, le sentiment d’une amélioration. Mais sans une politique de dissuasion efficace contre l’usage de la voiture individuelle quand elle n’est pas nécessaire et le transit des camions, quand ils n’ont pas de raison de traverser notre agglomération, toutes les expériences montrent que, du fait même de l’amélioration de ses conditions, le traffic augmentera inexorablement jusqu’à provoquer (en moyenne en cinq ans selon les études) les mêmes nuisances et désagréments qu’avant. A ceci près que le traffic global dans l’agglomération aura du coup fortement augmenté. Là encore on passe en grande partie à côté des enjeux et on ne fait pas ce qu’il faudrait faire.

Pour ce qui concerne le tourisme, là encore la vision déployée par le CIN est étroite et ce, alors même que le président Vogel en a fait une de ses priorités. Il se concentre sur le Château de Vaux-Le-Vicomte pour lequel il demande le classement de Maincy en qualité de « Grand Site » et prévoit d’en améliorer la desserte. En tout, ce sont 3 millions de financement public qui seront consacrés au château sans qu’aucune contrepartie ne soit demandée au propriétaire de ce château privé dont l’accès reste extrêmement cher et hors de la portée de nombreux habitant.e.s de notre communauté d’agglomération. C’est 1 million de plus que ce que le CIN prévoit de consacrer à l’agriculture et aux énergies renouvelables combinées ! En outre, ce volet tourisme ne prévoit rien quant à la promotion de l’éco-tourisme alors même que la présence d’un grand fleuve, de plusieurs rivières, de bois, de la forêt, sur le territoire de l’agglomération représente un atout extraordinaire dans une région soumise à une urbanisation galopante et où des plus en plus d’individus souffrent du manque d’espaces verts.

Enfin et pour terminer, cette vision technocratique et libérale est particulièrement bien illustrée par la terminologie employée pour parler du futur hôpital de Melun. On parle de « Santé-pôle » comme on parle de pôle-aéronotique, comme si les mots n’avaient plus aucun sens. Pourtant l’abandon du mot hôpital dont l’étymologie renvoie à hospitalité est significative d’une volonté de transformer la santé en une marchandise, que certain.e.s pourront s’offrir et d’autres non. Cette vision libérale de la santé nie toute notre histoire où l’hôpital était depuis le moyen âge « un établissement charitable hospitalier où on recevait les gens sans ressources pour les entretenir et les soigner », c’est-à-dire l’expression de notre solidarité et de notre fraternité, de ce que notre société a généré de meilleure et auquel malheureusement notre communauté d’agglomération tourne le dos.

Bénédicte Monville-De Cecco, conseillère communautaire

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