#CAMVS Subventions aux associations : la #gabegie de l’innovation alimentaire !

 

Intervention Bénédicte Monville-De Cecco lors du conseil communautaire de Melun-Val de Seine du 29/04/16

De quoi l’innovation alimentaire est-elle le nom ?

Voilà un projet qui a priori prête à sourire. « Vitagora », un projet d’innovation alimentaire. Spontanément on se demande s’il s’agit de fabriquer du Pot au feu OGM, du Couscous lyophilisé, des gélules de Cassoulet pour cosmonaute en mal du pays ou d’augmenter encore la masse musculaire des charolaises (déjà qu’elles ont du mal à se hisser sur leurs pattes). Pourtant quand on arrive au détail des subventions, on n’a plus guère envie de sourire. Parce qu’au 40 000 euros de subvention déjà versés l’année dernière et reconduits cette année s’ajouteront 30 000 euros. Au total ce sont 70 000 euros que notre communauté d’agglomération versera à un projet dont tout ce que nous savons nous invite à la plus grande réserve. Et alors même que de nombreuses associations voient leurs subventions à peine maintenue voire baisser.

Car que savons-nous exactement de ce projet d’innovation alimentaire ?

Les documents mis à notre disposition indiquent que 30 000 euros seront dévolus à l’organisation d’un évènement BtoB, entendez « Business to Business » rassemblant (je cite) des « donneurs d’ordre internationaux » et je cite encore « jusqu’à une douzaine de grands comptes ». Si nous traduisons ces expressions emphatiques et prétentieuses (il faut surement au moins avoir fait un master 2 de marketing pour écrire ça) de quoi s’agit-il ? D’inviter des femmes et des hommes qui appartiennent à des entreprises représentant un chiffre d’affaires réel ou potentiel considéré comme très important à participer à un évènement de deux jours à Melun.

Autrement dit, la Communauté d’agglomération va dépenser 30 000 euros pour financer un évènement mondain qui va rassembler à Melun 50 à 70 « donneurs d’ordre » et « grand-comptes ».

La première question que je veux vous poser est : puisque nous aurons les grands-comptes, A quand les ducs et les marquis ? La deuxième : Ne croyez-vous pas que nous avons mieux à faire que de dépenser l’argent des contribuables de notre agglomération à organiser des mondanités de ce genre ?

Les documents nous disent encore que les 40 000 euros restants seront quant à eux consacrés à la compétitivité des acteurs de « l’agro-alimentaire et de la nutrition-santé ». On croirait lire un mauvais tracts des années 1980 sur l’innovation alimentaire. A l’époque tout le monde croyait encore que les multinationales de la révolution verte oeuvraient pour le bien de l’humanité. Mais aujourd’hui nous savons que ces empoisonneurs publics sont non seulement responsables pour une part non négligeable de l’épidémie de cancer qui sévit dans notre pays et dans le monde mais qu’ils ont laminé l’agriculture paysanne pourvoyeuse de millions d’emplois locaux et d’aliments de bonne qualité. Alors plutôt que de continuer à financer ces apprentis sorciers qui ont depuis longtemps fait la preuve de leur irresponsabilité, les sommes importantes que vous vous apprêtez à donner trouveraient à être bien mieux utilisées, dans nos territoires semi-ruraux, dans un projet concret d’innovation agricole.

Car il est urgent de repenser notre modèle de développement économique or ce que vous nous proposez correspond à une vision surannée, totalement dépassée. Il y a pourtant des exemples qui fleurissent partout en France aujourd’hui. Comme cet ambitieux projet développé par l’association « Fermes d’Avenir » en Indre-et-Loire, dans la région centre, autour de la promotion d’un nouveau modèle d’agriculture, basé sur les principes de l’agroécologie et capable de créer 3 emplois par hectare cultivé. Ce projet qui associe des acteurs variés, université, grande école, associations est soutenu par la Communauté Européenne, par sa région, par sa Communauté de Communes et plusieurs acteurs privés. C’est d’un projet comme celui-là dont nous avons besoin. Un projet qui crée des emplois locaux, non délocalisables, qui réinvestit les savoir-faire séculiers de notre région tout en les combinant à des savoirs nouveaux qui permettent, en diversifiant les cultures, d’obtenir de bons rendements sans employer un seul intrant chimique toxique.

Au contraire, l’obscure projet d’innovation alimentaire que vous nous proposez pour 70 000 euros démontre que vous n’avez pas du tout pris la mesure des enjeux.

Nous voulons que notre communauté d’agglomération innove certes, nous voulons qu’elle investisse dans l’avenir de nos territoires mais en développant leur capacité de résilience pas en l’amputant. Investir dans la recherche, dans l’enseignement, dans l’aide à l’installation pour que se développe une agriculture biologique productive, pourvoyeuse de nombreux emplois locaux et d’aliments de grande qualité dans le sud Seine et Marne constituerait une vraie innovation, un vrai changement parce qu’il s’agirait en effet d’autre chose que d’entretenir une petite aristocratie de « grands-comptes » à grands frais pour les contribuables.

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