La question de l’égalité et de la défense des plus fragiles est la première des questions écologiques

Pour les populations franciliennes les plus fragiles, les inégalités sociales et environnementales se cumulent et se renforcent. Elles constituent de fait les deux faces de la relégation sociale croissante des classes populaires qui, rappelons le, forment la grande majorité de la population active dans notre pays.

Dans notre région, les inégalités sociales sont plus importantes que nulle par ailleurs. Un-e francilien-ne sur dix a un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté et les contrastes d’un département à l’autre, d’une ville à l’autre, sont criants. Les départements les plus pauvres cumulent les difficultés : chômage, sous-emploi, paupérisation des populations, difficultés d’accès aux soins, échec scolaire, et la liste n’est pas exhaustive. À ces inégalités sociales flagrantes s’ajoutent une plus grande exposition aux risques environnementaux : emplois pénibles, mal-logement, précarité énergétique, exposition aux pollutions, trafic routier, industries et agriculture polluantes, déchets dangereux, alimentation industrielle ne concernent pas de la même manière tous/tes les francilien-nes. Pour les populations franciliennes les plus fragiles, les inégalités sociales et environnementales se cumulent et se renforcent. Elles constituent de fait les deux faces de la relégation sociale croissante des classes populaires qui, rappelons le, forment la grande majorité de la population active dans notre pays.

Les écologistes ont déjà montré leur détermination à lutter contre l’injustice sociale. La loi ALUR sur l’encadrement des loyers, dite loi Duflot, en est une illustration. Cette mesure de justice territoriale et de lutte contre la pauvreté s’oppose à la surévaluation du prix de l’immobilier dans certains quartiers et à la segmentation de notre région en territoires homogènes socialement. En empêchant une trop forte progression des loyers dans des quartiers où la population est en moyenne plus riche, l’encadrement des loyers peut enrayer le départ des populations modestes et limiter le mouvement de spécialisation des quartiers et communes les plus pauvres dans l’accueil des plus précaires. Au lieu de cela, la politique poursuivit aujourd’hui, qui restreint l’application de la loi à Paris, encourage l’hyperspécialisation des territoires. C’est pour ça que nous voulons que l’encadrement des loyers soit étendu à l’ensemble de l’Île de France.

D’autant que ces inégalités territoriales d’accès au logement se doublent d’inégalités d’accès à l’emploi. En effet, les territoires de la grande couronne, en particulier la Seine-et-Marne et le Val-d’Oise mais aussi certaines zones de la Seine-Saint-Denis sont particulièrement exposées aux risques économiques (12,7% des actifs en Seine-Saint-Denis sont au chômage, pour un taux moyen de 8,6% en Île de France). C’est, entre autre, pour cette raison qu’il était essentiel de permettre à l’ensemble de la population francilienne de se déplacer dans les meilleures conditions possibles. Et c’est ce que nous avons fait avec la mise en oeuvre concrète du Pass Navigo à tarif unique et l’amélioration continue du réseau francilien des transports en commun après des années de non investissement.

Pour autant, si la distance physique à l’emploi est une partie de l’explication, les demandeurs/euses d’emplois francilien-nes souffrent aussi d’effets de ségrégation. Sur un marché du travail hyperconcurrentiel et hyperspécialisé, notamment dans des activités marchandes et de service aux entreprises à forte valeur ajoutée, les populations les moins qualifiées, les plus jeunes et le plus souvent d’origine immigrée (réelle ou supposée) sont aussi, de fait, les plus éloignées de l’emploi. Or, les nouvelles compétences des régions en matière de développement économique et d’aménagement durable du territoire nous permettront d’engager la transition écologique de l’Île de France. Notre programme porte des politiques ambitieuses de relocalisation des activités économiques, de lutte effective contre les discriminations et de conversion vers une économie socialement utile et écologiquement durable. Sa mise en oeuvre créera les conditions d’une refonte du marché du travail et d’une offre suffisamment large en compétences et en qualifications pour fournir les emplois nécessaires à l’ensemble des habitant-es de notre région.

L’exemple plus spécifique de la transition agricole que nous voulons pour notre région illustre parfaitement cette convergence entre politique écologiste et justice sociale. La conversion écologique de l’agriculture francilienne permettrait de créer plusieurs milliers d’emplois, divers en compétences et en qualifications, de diminuer notre dépendance aux importations (aujourd’hui équivalente à 90% de notre alimentation) et, par conséquent, nos émissions de gaz à effet de serre tout en garantissant aux francilien-nes qui souffrent le plus aujourd’hui de la mal-bouffe de pouvoir accéder à une alimentation de qualité.

Nous le voyons, encourager les usager-es à utiliser les transports en commun, relocaliser l’activité économique sont autant de mesures qui s’attaquent également à la pollution de l’air. Or, là encore, les classes populaires sont les plus touchées : temps de transport décuplé (plus de deux heures par jour pour près de 10% d’entre nous), proximité des axes routiers, faible capacité à sortir de la ville et, dans les zones rurales, exposition aux intrants chimiques de l’agriculture industrielle. Aujourd’hui, ce sont trois milliards d’euros supplémentaires que nous voulons mobiliser pour en finir avec la pollution de l’air en Île de France. En faisant de la qualité de l’air un enjeu crucial, en rendant plus cher ce qui pollue, moins cher ce qui ne pollue pas et en aidant celles et ceux qui en ont besoin à abandonner leur véhicule polluant, les écologistes se donnent les moyens de leur ambition : faire de l’Île de France une région où tout le monde respire un air sain. Des mesures qui profiteront en priorité aux populations les plus exposées et les plus fragiles.

De la même manière, l’objectif que nous nous sommes fixés de transformer la région Île de France en première région zéro-déchets de France n’est pas seulement une mesure environnementaliste. Les décharges et incinérateurs sont fréquemment installés à proximité des quartiers populaires ou des zones péri-urbaines où les populations sont dispersées et les solidarités et les résistances sont plus difficiles à organiser. De fait, il existe un déséquilibre spectaculaire entre l’Est et l’Ouest de I’Île de France (57% des déchets dits « non dangereux » sont enfouis en Seine et Marne et 37% dans le Val d’Oise). Par conséquent, moins la capacité des populations à se défendre est forte plus la probabilité de trouver un incinérateur ou une décharge à proximité du territoire qu’elles habitent augmente. Or, une politique écologiste de réduction et de valorisation des déchets à travers leur réutilisation, réparation et recyclage permettrait de créer 55000 emplois supplémentaires dans notre région tout en réglant le problème de notre exposition inégales aux pollutions qu’ils entrainent.

Nous le voyons, plus nos ressources sont faibles, plus notre exposition aux risques sociaux et environnementaux est forte. Pour les classes populaires, de la périphérie comme des banlieues pavillonaires modestes, elle est encore aggravée par de plus grandes difficultés d’accès aux soins. En Île de France, le nombre de zones dites « déficitaires et fragiles » passera si aucune politique contraire n’est menée de 13 % du territoire francilien aujourd’hui à 30 % en 2017. Une situation d’autant plus injuste que les modes de consommation des familles modestes sont aussi les moins polluants.

Parce qu’il intègre systématiquement les notions d’inégalités écologiques et sociales, dont on a vu combien elles étaient liées, et qu’il se donne pour objectif de les empêcher, le projet écologiste que nous portons pour notre région, répond conjointement à cette double violence, sociale et environnementale, qui touche un très grand nombre de francilien-nes. Respirer un air pur, travailler, travailler proche de chez soi, pouvoir se déplacer dans les meilleurs conditions possibles, manger sainement mais aussi lutter contre le dérèglement climatique, encourager l’émergence d’un modèle économique fondé sur l’utilité sociale et la coopération sont autant de promesses que porte le rassemblement écologiste et citoyen en Île de France, mené par Emmanuelle Cosse. Parce que notre programme pour l’Île de France est résolument écologiste, il place la question de l’égalité et de la défense des plus fragiles au coeur des politiques publiques.

Bénédicte Monville-De Cecco

porte-parole du rassemblement écologiste et citoyen pour les élections régionales de décembre 2015, tête de liste en Seine et Marne, élue écologiste à Melun et à la communauté d’agglomération Melun-Val de Seine.

Tribune parue :

https://blogs.mediapart.fr/benedicte-monville/blog/261115/la-question-de-legalite-et-de-la-defense-des-plus-fragiles-est-la-premiere-des-questions-eco

Une réflexion sur “La question de l’égalité et de la défense des plus fragiles est la première des questions écologiques

  1. Bonjour,

    Nous sommes surpris que « Bien vivre à Melun » n’ait pas réagi à l’abattage de la totalité des peupliers des rives de la Seine à Melun car, outre l’impact écologique très négatif de la disparition soudaine de cette importante masse de végétation, ces grands arbres faisaient sans conteste partie de l’image emblématique de notre cité.

    Et ce désastre va durer longtemps, car même si la replantation de jeunes sujets doit être réalisée rapidement, il faut compter entre 10 à 15 ans avant que les berges de la Seine ne retrouvent un aspect un peu plus aimable que le vide laissé par ces coupes drastiques.

    Nous ne contestons pas que les 103 peupliers abattus étaient devenus fragiles et donc dangereux depuis longtemps : ils avaient été plantés en 1920 et avaient donc 95 ans, mais, dans de bonnes conditions de culture, la durée de vie des peupliers d’Italie se situe quand même autour de 150 ans.

    Et la mairie aurait pu éviter ce saccage en procédant par exemple à l’abattage d’1 arbre sur 2 (avec bien sûr replantation de jeunes sujets), ou bien encore d’abord d’une berge, et 10 à 15 ans après, l’abattage et le remplacement de la 2ème série qui, si elle s’avérait dangereuse, pouvait même pendant cette période, être élaguée et/ou rabattue d’un tiers sans dommages.

    C’est ce qui se pratique avec bonheur dans de nombreuses villes lorsque des arbres installés en alignement dans des rues doivent être remplacés…

    Mais pourquoi donc personne ne semble y avoir pensé à Melun ?

    En vous remerciant de l’attention et de la suite que vous pourrez donner à ces remarques qui, hélas, arrivent trop tard.

    Cordialement,

    AM et D. SERRIERE

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