Selon le Protocole de Préfiguration (version projet) ayant pour objet le NPNRU (ANRU2) élaboré par la Communauté d’Agglomération Melun-Val de Seine présenté et lu par la majorité lors de la séance du Conseil Municipal du jeudi 25 juin 2015 le quartier Schuman serait un lieu plutôt calme où l’activité professionnelle des habitant-e-s est importante et les habitant-e-s solidaires… Mais, car il y a toujours un Mais !, « cependant ce relatif isolement a généré en parallèle un esprit revendicatif affirmé tout en favorisant un forme de phénomène d’autogestion qui peut être compliqué à appréhender. »
De qui parle-t-on ? De ces bénévoles ; femmes et hommes qui donnent gratuitement de leur temps et de leur énergie pour tenter d’ améliorer le quotidien de leurs semblables, de prévenir la délinquance dans leur quartier, depuis des années ces habitant-e-s viennent combler la disparition des travailleurs sociaux de terrain, ils-elles ont créé leurs associations, qui jouent un rôle essentiel d’intermédiaire entre les bailleurs et les locataires et se sont toujours tenues à disposition de l’équipe du maire pour calmer les tensions et régler les litiges (voir les art. du Parisien du 20 nov 2008, du 27 fév.2005 )
Le Protocole de Préfiguration d’ « autogestion » un mot largement associé aux valeurs de solidarité, d’entraide, d’éthique et dévouement mutuel. Oui ! nous fonctionnons comme on peut avec les moyens du bord, animé-e-s par ces valeurs, puisque toute demande de notre part est rejetée faute de budget.
Ces associations, à l’initiative d’actions citoyennes (sensibilisation à la prévention routière…), ont toujours eu le respect de proposer à ceux qu’elles considèrent comme leurs partenaires, Mr Le Maire et son équipe, de se joindre à elles. Elles participent activement à toutes les actions citoyennes et solidaires qui leurs sont proposées ; participation aux téléthons, aux lotos solidaires pour lever des fonds pour les écoles, au dialogue entre le collège et les parents. Partenariat avec le service jeunesse (création d’une équipe de foot… )
Il a été choisi d’utiliser l’adjectif revendicatif pour qualifier les doléances légitimes des habitants, il aurait été plus juste d’utiliser le terme CITOYEN.
Il est vrai que tout ce qui a été obtenu l’a été au prix de négociations et de résistance. Comment a-t-on obtenu la rénovation du service jeunesse ? La construction d’un espace pour accueillir le Centre Social essentiel pour l’aide aux familles dans le besoin ? La rénovation du gymnase ?
Cela fait des années que nous réclamons la rénovation des toilettes de l’école Jean-bonis. Nos enfants se retiennent d’aller faire leurs besoins et sont sujet à des infections urinaires… Cependant, nous ne nous sommes jamais invités au Conseil Municipal comme l’on fait les parents d’élèves de l’école Pasteur en février (article Parisien du 12 fév.2011). Comme nous n’avons jamais rédigé une lettre ouverte dans laquelle des habitants exigent légitiment l’extension de leur école car l’argument économique n’est pas recevable lorsque le bien-être de nos enfants est en jeu ! Ces électeurs-trices ont su se faire entendre et ont eu gain de cause (art. Parisien du 21 mars 2009)
«Les esprits revendicatifs» n’existent pas seulement à Schuman ! Il y a aussi les opposants au tracé du futur TZEN2, les habitants de la Place Praslin. C’est un droit de ne pas être d’accord et d’exiger une concertation !
Quel paradoxe ? On nous reproche notre investissement, qu’on caricature en le qualifiant « d’esprit revendicatif » alors même que Monsieur Le Préfet Jean-luc Marx au nom du gouvernement et Monsieur Louis Vogel Président de la Communauté d’Agglomération Melun-Val de Seine écrivent et signent dans le guide du Conseiller Citoyen que la participation des Citoyens est essentielle à la réussite de la politique de la ville dans nos quartiers, l’expression des habitant-e-s et des usagers doit être favorisée. C’est désolant !
Le sentiment d’appartenance au quartier Schuman est très fort et notre quartier a beaucoup de potentiel. Il est enclavé mais pas isolé et c’est un quartier équipé comme les autres. Mais nos équipements ne sont pas valorisés. Nous regrettons qu’avec les années, malgré un enseignement de qualité et un climat serein dans nos écoles, beaucoup de familles de gendarmes et de pompiers aient préféré demander des dérogations pour inscrire leurs enfants dans les écoles des communes limitrophes (Cesson, Vert-St-Denis). Les écoles de notre quartier sont victimes des « clichés » que véhicule justement ce document et qui font tant de mal à la cohésion sociale. Alors même que celles et ceux qui l’ont rédigé prétendent travailler pour améliorer le vivre ensemble.
Le Protocole insiste sur la fragilité des fondations des immeubles TMH pour déjà affirmer qu’aucune réhabilitation ne peut être possible. Si le bâti est si dangereux, pourquoi aucune déclaration de mise en péril imminent n’a été faite ? Avec suspension des paiements des loyers et relogement en urgence des locataires. Cette affirmation repose-t-elle sur une expertise des lieux ? Pourquoi demander l’avis des habitant-e-s si le projet d’une démolition est déjà faite ? Si tous les immeubles TMH sont démolis, il sera aussi décidé de détruire les écoles… Schuman disparaîtra !
La démolition d’immeubles n’est pas condamnable en soit mais, avoir comme priorité de tout raser, non ! Il existe d’autres solutions et la réhabilitation en est une, souvent moins coûteuse.
La situation périurbaine de Schuman intéresse la promotion immobilière privée. D’ailleurs le protocole insiste sur le potentiel foncier d’ampleur du secteur avec la disparition d’une partie de l’emprise de la gendarmerie, la présence du terrain de rugby et des potentielles démolitions. N’oublions pas la proximité du futur hôpital, le TZEN2, etc.
En espérant que la concentration des moyens financiers par l’ANRU n’empêchera pas la municipalité de rechercher des solutions alternatives à la démolition. Nous savons que les maires sont tentés de favoriser les démolitions pour obtenir des financements.
La Rénovation urbaine n’est pas qu’un projet de bâtisseurs, mais surtout un programme pour les gens qui vivent dans ces quartiers, les habitant-e-s concernés attendent une véritable concertation, ils-elles veulent être considéré-e-s comme des partenaires dans l’élaboration de choix qui les concernent. Les Schumanais sont là, avec leur histoire, liée à celle de leur quartier, en bien et en mal. La transformation du quartier doit se faire de manière progressive, en évitant la « table rase », en recomposant les choses à partir de l’existant, on doit traiter les habitants de Schuman comme des citoyens, à l’égal des autres.
Démolir implique de reconstruire au moins autant de logements et de les intégrer dans des quartiers de qualité, ce qui nécessite des investissements publics.
Il ne faut pas sous prétexte de mixité sociale, exclure et réduire le nombre de logement sociaux, les démolitions n’aboutissent pas à la mixité sociale souhaitée mais, au contraire, à la reconcentration des ménages pauvres soit dans les parties non démolies des quartiers en rénovation, soit dans des quartiers aussi défavorisés que ceux qu’on les oblige à quitter (exemple ANRU 1 Montaigu, Gaston-Tunc…). Et les logements neufs proposés sont hors de prix.
S’il peut être acceptable, dans certains cas de procéder à des démolitions très partielles, cela ne saurait se faire sans l’accord des premier-e-s intéressé-e-s, à savoir les habitant-e-s et à condition que le déménagement soit pour eux une amélioration de leurs conditions de vie.
Une réflexion sur “Tribune de membres de Bien Vivre à Melun, habitant-e-s du quartier Schuman”