Vous trouverez ci dessous l’avis complet que j’ai adressé à la presse qui me le demandait à propos de la délibération mentionnée par l’article de la République de Seine et Marne que nous avons votées au conseil communautaire du lundi 18 mai. Il s’agit d’une délibération pour la création du Conseil Intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance (CISPD). Malgré mes réserves j’ai voté favorablement. J’ai considéré que le projet était amendable, permettrait de débloquer des fonds et de mener une discussion utile : « la note de présentation est très incomplète et se focalise sur la petite délinquance, essentiellement la délinquance des mineurs alors même que la note reconnait qu’elle est en diminution. Rien dans la présentation ne permet d’apprécier la réalité de cette délinquance ni son importance : aucun élément statistique, aucune étude objective. Les violences verbales, le décrochage scolaire, le trafic de stupéfiant ou les cambriolages sont traités de la même manière comme s’il s’agissait de délits de même nature. Il n’y a rien sur les violences spécifiques dont sont victimes les femmes. D’autre part, la note de présentation semble ne vouloir traiter le problème qu’une fois advenu. Elle s’inscrit dans une compréhension sécuritaire des problèmes de délinquance. Rien n’est dit des causes de la violence ou des trafics, rien sur l’augmentation de la pauvreté et de l’insécurité sociale qui sont au coeur de la délinquance. Pire, on incrimine les parents dont certains témoignent d’ « une incompréhension du rôle de l’école et de ses enjeux ». Mais ces parents ont raison, l’école est un reproducteur des inégalités sociales et toutes les études le démontrent. Elle est un lieu d’humiliation pour nombre d’enfants dont la culture s’éloigne de la culture scolaire et est le plus souvent méprisée ou stigmatisée par l’école. L’école sert malheureusement à objectiver les structures de la domination, à faire qu’on trouve normal que les unEs dominent et que les autres soient dominéEs. Enfin, les mesures proposées ne sont évidemment pas à la mesure des enjeux. On nous propose de multiplier la video-protection alors même que les débats de lundi soir ont fait apparaître que mes prédictions étaient bonnes et que l’installation d’une caméra à la gare de Melun n’a fait que déplacer le problème mais qu’elle n’a évidemment rien résolu. Enfin, parmi les thématiques à investir on trouve « occupations illicites des gens du voyage », nous y voilà, encore une fois les gens du voyages, catégorie bien mal définie pour la plupart de nos concitoyen-ne-s se trouvent stigmatisés. Les problèmes posés par la circulation des gens du voyage sont marginaux, la puissance publique a les moyens de leur garantir de pouvoir continuer à vivre de manière nomade mais elle n’en a pas toujours la volonté. Elle crée le problème et fait semblant de vouloir le résoudre à travers un dispositif de prévention de la délinquance ! La loi 2007-297 a pour 2ème chapitre les dispositions de prévention fondées sur l’action sociale et éducative, elle relègue au chapitre VIII avant dernier chapitre les dispositions organisant la sanction-réparation et le travail d’intérêt général justement parce que la preuve a été faite depuis longtemps que la prévention était bien plus efficace que la répression. La note de présentation pour la création du CISPD inverse ces priorités. Mais pour mener des politiques justes et honnêtes en la matière, il faut du courage, le courage de parler de l’accroissement considérable des inégalités et de l’incapacité de l’État à redistribuer la richesse, le courage de dire que l’école ne sait pas intégrer les enfants des classes populaires, le courage de reconnaître que le trafic illicite ne cessera qu’en situation de plein emploi et d’emplois suffisamment rémunérateurs pour dissuader des jeunes sans aucune perspective d’avenir de s’y laisser entrainer. Bref, un courage qui n’apparait nulle part ici. »