Mardi 12 mai, Espace Saint-Jean à Melun, Commémoration de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions

Esclavage - Débat 12 mai 2015 - Tract A5 RV - VDEFsolo

Bruno Maillard, docteur en histoire, est chercheur associé au CRESOI/ Université de la Réunion, chargé d’enseignement à l’université de Paris-Est Créteil et conseiller scientifique au sein de l’association Protea.

Extrait de Libres et sans fers, paroles d’esclaves (2015) Gilda Gonfier, Bruno Maillard et Frédéric Régent, Editions Fayard Histoire.

« Cette commémoration n’est ni un acte de contrition, ni un geste de repentance et encore moins un acte d’accusation. Elle se veut comme un moment où la République et la Nation regardent leur histoire. L’esclavage pratiqué dans les colonies françaises de 1625 à 1848 appartient à l’histoire de France. Ce ne sont ni l’Occident, ni l’Afrique et encore moins la Nation ou la République qui sont responsables de l’esclavage, mais des hommes avides d’enrichissement et de pouvoir. D’ailleurs l’historien ne réfléchit pas en termes de coupables et de victimes, mais tente d’expliquer les phénomènes historiques. L’historien n’est pas le juge du passé. Il faut d’ailleurs bannir toute idée de tribunal de l’histoire.

C’est donc la quête de richesse et de puissance qui a conduit des élites à pratiquer l’esclavage au cours de l’histoire. Il s’agit de se souvenir que certaines fortunes se sont fondées sur le système de la plantation esclavagiste et du commerce de denrées produites par des millions d’esclaves. Il s’agit de se rappeler qu’à deux reprises, des Républicains ont aboli l’esclavage. Il faut également avoir en mémoire que l’abolition de l’esclavage et de la servitude est un principe républicain inscrit dès la première constitution républicaine qu’ait connue la France, adoptée en 1793. Si l’application de ce principe fût différée d’un an, c’est en raison de l’activisme des lobbys défendant les intérêts des négociants des ports et des propriétaires des plantations.

(…)

Il faut se rappeler qu’en 1848, l’une des premières mesures de la Seconde république a été d’abolir l’esclavage de le considérer comme un « crime de lèse humanité ». Le fait de posséder un esclave a alors été considéré comme un crime tellement grave qu’il entraînait la déchéance de la nationalité française, peine qui n’était prévue pour aucun autre crime, même celui de haute trahison.

Commémorer le 10 mai, c’est se souvenir de l’histoire de quatre millions d’enfants, femmes et hommes qui ont subi l’esclavage dans une colonie du royaume de France, mais qui sont aussi les ancêtres de millions de Français, vivant en outre-mer ou dans l’hexagone.

Commémorer, c’est refuser la simplification et l’amalgame.
Commémorer, c’est refuser tout discours global de culpabilisation ou de victimisation ».

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