J’étais hier soir au conseil communautaire (Communauté d’Agglomération Melun Val de Seine ou CAMVS). Une partie importante de la discussion a porté sur les contours de la future agglomération rendue impérative par la réforme territoriale. On nous a proposé de voter un projet conçu par le préfet après consultation des parties concernées (entendez elu-e-s) qui prévoit notre rapprochement avec la communauté d’agglo de Seine école (St-Fargeau + Pringy) et qui, en l’absence d’un accord avec Sénart qui ne souhaitait pas (jusqu’à il y a peu) un rapprochement avec Melun, accorde une dérogation à la CAMVS qui nous autoriserait à rester en deçà du seuil des 200 000 habitant-e-s puisqu’une telle formation rassemblerait 125 000 habitant-e-s.
Louis Vogel, le président de notre agglomération, a défendu ce choix en arguant du fait que stratégiquement il était essentiel et que lui continuerait ses consultations pour élargir le périmètre de notre prochaine communauté à des communes situées plus au sud sans rien exclure quant à Sénart dont la position vis à vis de Melun s’était infléchie ces dernières semaines. Il a défendu l’idée que si nous définissions précisément une stratégie de développement propre qui tenait compte de nos atouts en matière de tourisme (patrimoine historique + nature), de développement industriel et universitaire nous pouvions devenir un territoire attractif et la deuxième destination « verte » après Paris.
Le groupe socialiste a proposé un amendement invitant le conseil à rendre un avis défavorable sur le scénario proposé au prétexte qu’il ne nous permet pas d’atteindre une masse critique nécessaire et qu’il « nie » les coopérations et projets multiples qui nous lient à Sénart.
Thomas Guyard, élu communiste, a justement fait remarquer qu’il nous était impossible de voter un projet de réforme territoriale et politique qui n’a jamais été soumis à une consultation citoyenne, ce qui revient à exclure les principaux intéressés des décisions qui les concernent.
Personnellement, je suis intervenue pour soutenir les réserves exprimées par Thomas Guyard et défendre une autre vision d’aménagement du territoire. J’ai précisé que je comprenais le souci d’atteindre une masse critique qui nous permette de peser sur les futures décisions mais j’ai aussi dit qu’en tant qu’écologiste il m’apparaissait encore plus important et vital de défendre un développement qui vise à la re-localisation des activités économiques, à leur soustraction progressive aux impératifs néolibéraux de profitabilité et au développement d’activités socialement utiles et respectueuses des êtres humains et de notre environnement. Aussi, je me suis étonnée que dans son discours Louis Vogel n’ait fait aucune allusion à l’agriculture et que dans un territoire semi rural comme le nôtre la question d’une stratégie de développement agricole était une question centrale. J’ai conclu en disant qu’il était urgent de revoir le model productiviste destructeur d’emplois, de notre environnement et nuisible à notre santé, et qu’il fallait au contraire impulser des politiques dynamiques de développement d’une agriculture durable créatrice d’emplois et de bien être. Louis Vogel a repris la parole pour dire qu’il était d’accord avec les remarques que j’avais formulées sans donner aucune garantie sur une éventuelle consultation citoyenne. Aussi je me suis abstenue sur l’amendement proposé par le groupe socialiste qui s’inscrit dans une même logique de développement productiviste et j’ai voté contre la proposition qui nous était faite par la majorité puisqu’elle ne s’appuie sur aucune consultation démocratique et que la stratégie de développement retenue est très insuffisante face aux enjeux écologiques.
Le conseil a voté l’avis favorable qui lui était demandé par le préfet sans qu’une majorité nette ne se dégage.
B Monville-De Cecco